A 16 ans, Lucas Légeret dompte déjà un V8 de 450 CV

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Vendredi 30 Juin 2017 11:18

A 16 ans, Lucas Légeret dompte déjà un V8 de 450 CV

AUTOMOBILISME Vainqueur à Dijon en V de V Endurance Series, le pilote de Vuibroye étonne par sa précocité et sa maturité.

Lucas Légeret ne pourra passer son permis de conduire que dans deux ans. En attendant, le pilote de Vuibroye emmène sa Ligier de 300 000 euros vers des sommets.
Pierre-Alain Schlosser

On s’attend à voir un pilote de la taille d’un jockey et c’est un basketteur qui arrive face à nous. Lucas Légeret n’a que 16 ans, mais il accuse déjà 1,90 m sous la toise. Pas vraiment la taille idéale, lorsque l’on veut faire de la course automobile son métier.

Qu’importe, l’étudiant de l’Ecole Nouvelle fonce à vive allure vers son rêve. Et quand on écrit «à vive allure», c’est littéralement à 300 km/h qu’il le fait, au volant de sa Ligier. Un V8 de 5 litres de 900 kg et 450 CV (consommation: 60 litres aux 100 km!) que le jeune homme de Vuibroye maîtrise avec une surprenante maturité. A croire que les dirigeants du Team Duqueine qui lui ont confié le volant de ce monstre, semblable à ceux qui roulent aux 24 Heures du Mans, sont tombés sur la tête. Qui oserait mettre un bolide de 300’000 euros entre les mains d’un ado, si ce dernier n’était pas doué? Personne!

En plus, Lucas n’est autorisé à conduire un tel véhicule que depuis le 10 mai, soit la date de son 16e anniversaire. Ce qui lui fait en tout et pour tout de deux mois à peine d’expérience de course dans la catégorie LMP3. Vous avez dit surdoué? Le mot est lâché. Le grand blond en a sous le capot et ses neurones tournent aussi vite que les roues de son bolide. «Nous nous attendions à trouver un jeune homme fougueux, mais nous sommes tombés sur un pilote muni d’une intelligence de course assez étonnante, assure Yann Belhomme, directeur général du Team Duqueine. Son niveau de progression va au-delà de ce que nous attendions dans le meilleur des scénarios que nous envisagions. Pour tout vous dire, j’avais fixé un podium en fin de saison comme objectif. Et là, Lucas et son coéquipier Nelson Panciatici ont déjà remporté une victoire à Dijon en V de V Endurance Series.» Et le patron du Team de poursuivre: «Pour nous, Lucas représente davantage qu’une bonne surprise. Avec cette voiture, il a déjà roulé 6500 km, dont 3000 en course, sans la mettre une seule fois dans les décors. Ce garçon ne fait pas de casse. Jamais nous n’avons dû changer ne serait-ce qu’un rétroviseur ou un morceau de carbone!»

Objectif: 24 Heures

Lucas Légeret n’est pas seulement fiable, il est aussi performant. Quelques jours après son 16e anniversaire, il se mesurait déjà à sa première course en European Le Mans Series (ELMS) à Monza. «Comme je n’avais pas l’autorisation de piloter avant mes 16 ans, j’ai connu un déficit de 2 ou 3 heures de roulage par rapport aux autres.» Avec ses coéquipiers Vincent Beltoise et Henry Hassid, il termine pourtant à huit dixièmes de la pole position. Henry Hassid sera malheureusement accroché en course par un autre concurrent. Et la voiture finira 13e, après avoir connu des soucis de boîte de vitesses.

La suite? Lucas enchaîne les expériences en un temps record. Il roule sur le circuit Paul Ricard, en passant le relais en première position. Il découvre Le Mans où il boucle le tour de 13,6 km en 3’ 55”. «Les LMP3 étaient autorisées à faire l’ouverture des 24 Heures. Apprendre ce circuit en 1 heure a été un vrai défi», dit le jeune pilote.

A son jeune palmarès, il y a surtout cette première victoire à Dijon, le 25 juin. «Plus je roule, plus j’apprends, s’enthousiasme le plus jeune pilote 2017 en LMP3. J’ai la chance d’avoir à disposition des outils extraordinaires.» Son objectif? Se retrouver en LMP2 l’an prochain. Une catégorie supérieure au niveau de la puissance et de la vitesse. Au lieu de rouler entre 4 et 6 heures, les LMP3 le font en 6 ou 24 heures. A plus long terme, Lucas aimerait goûter à la Formule E. Ce qu’en pense son patron? «Vu sa taille, j’estime qu’il a plus d’avenir dans des prototypes qu’en monoplaces, annonce Yann Belhomme. Mon but: l’emmener aux 24 Heures du Mans.»

Le directeur général du Team Duqueine loue la constance de son protégé, son sang-froid et sa lecture de course. Mais quels sont les points sur lesquels le jeune Vaudois doit encore travailler? «Il peut progresser sur sa vitesse pure, estime Belhomme. Pour l’instant rouler 2 heures ne lui pose pas de problème. En revanche, s’il participe à des courses de 24 heures, il devra prendre plusieurs relais. Dans cette optique, il est nécessaire de travailler sa condition physique pour qu’il prenne du muscle.»